Les fêtes à la Cour de François Ier

Couronnement, mariages, baptêmes, victoires militaires et diplomatiques, entrées dans les grandes villes lors de l’itinérance de la Cour, tous les prétextes sont bons pour faire la fête à la Cour de France. Dans les 3 tomes de « 1515-1526 » vous en vivrez de multiples, toutes plus somptueuses les unes que les autres. Il s’agit de dominer et d’impressionner la noblesse alors que François Ier n’est pas fils de Roi et qu’il est le fondateur d’une nouvelle dynastie royale (la branche cadette des Valois). Il y a un fort parallèle avec Louis XIV et ses fêtes versaillaises alors que la Fronde des nobles de 1648-1653 avait fortement impressionné le jeune Roi. C’est aussi un instrument diplomatique et les Ambassadeurs des différents Cours étrangères rendent compte à leur souverain du faste et de l’éclat de la Cour de France. Le summum de cette diplomatie festive se jouera à la rencontre du Camp du Drap d’Or entre François Ier et Henry VIII, une scène somptueuse qui fait l’ouverture du 2ème tome, « 1520-1522« .

La grande fête du Camp du Drap d’Or en Juin 1520 dans une débauche de décors hors de prix où on avala 248 plats différents en 48 heures.

François Ier bénéficie un temps des inventions de Léonard de Vinci, notamment pour la fête à Amboise en 1518 pour la baptême du Dauphin François qui se prolongera avec la fête du mariage de Laurent II de Médicis et de Madeleine de la Tour d’Auvergne qui ne sont autres que les parents de Catherine de Médicis. Léonard inventera notamment une rôtissoire automatique :

« Le grand banquet du soir fut aussi l’occasion pour Léonard de montrer ses talents d’ingénieur et tous les invités purent admirer sa rôtissoire automatique. De l’air chauffé par le feu, en s’élevant, faisait tourner une hélice qui était reliée à la broche par un axe et des engrenages. Plus le feu était vif, plus le courant ascendant était fort, plus la rotation de l’hélice était rapide provoquant une accélération de la rotation de la broche. À l’inverse, un feu plus faible réduisait sa rotation. La cuisson était ainsi toujours optimale. »

(Extrait de 1515-1519)

Echanson

Les plats et boissons arrivent en cortège, portés par des panetiers (chargés du pain), des échansons (officier chargé de servir à boire aux personnages de haut rang), des écuyers tranchants et des fruitiers, précédés d’un maître d’hôtel. Signalons que la fourchette, connue depuis le XIIIe siècle, n’est utilisée à la Renaissance que pour piquer des fruits confits. Pour le reste, on la considère comme un instrument diabolique (d’ailleurs sa forme rappelle des cornes ou une queue… fourchue), car elle permet de manger plus goulûment et de se laisser aller au péché de gourmandise. Mais , même sans fourchette, les convives ne se privent pas !

Signalons également la présence de la nef de la table, en métal précieux et qui a la forme d’un navire. Elle contient le nécessaire du Roi, son « service de table individuel » (une cuillère, un couteau, une serviette et un cure dent, des épices et des… contrepoisons). Elle s’ouvre et se ferme par une clé. La confiance règne !

Nef royale (notez les roulettes, pratique !) présentée lors de l’exposition
« Festins de la Renaissance » au Château de Blois en 2012

Pour les boissons, le vin coule à flot. Le vin blanc est privilégié ainsi que l’hypocras, vin rouge agrémenté d’herbes ou d’épices qui se consomme à l’apéritif ou en digestif. Ces ajouts dans le vin sont indispensables car à l’époque les vins rouge sont en général de mauvaise qualité.

Musiciens par Giorgio Vasari

En ce XVIème siècle, la musique se libère du carcan religieux et la danse est à l’honneur. On danse la pavane (danse par couple en colonnes) qui s’achève souvent par une quadrille, plus lente à quatre temps. On danse aussi la gaillarde (rythme rapide à 3 temps), le branle (danse de groupe en ronde ou en chaîne), l’allemande (danse de couple à l’allure modérée) et la courante, rapide (évidemment) à 3 temps. Voici un exemple du travail que nécessite la reconstitution de danses de la Renaissance :

Les fêtes sont aussi le prétexte à des déguisements et le rapprochement (scandaleux pour l’époque) entre la France et l’Empire Ottoman donnera lieu à des « Turqueries » où on verra François Ier mais aussi des personnalités religieuses catholiques comme le Cardinal de Lorraine se coiffer d’un turban. Les costumes sont souvent signés Le Primatice, l’un des principaux décorateurs du château de Fontainebleau. Ce dernier y a d’ailleurs multiplié les décors somptueux et originaux comme la Grotte des Pins, la première grotte artificielle réalisée en France où de nombreuses fêtes ont été données dans un décor fantasmagorique.

Elément du plafond de la grotte des pins à Fontainebleau (photo : Gérard Blot)

Les fêtes sont aussi l’occasion de divertissements plus sportifs comme des joutes, des tournois de lutte (celle entre François Ier et Henry VIII au Camp du Drap d’Or est restée célèbre, vous en lirez une version dans « 1520-1522« ) et aussi des spectacles avec des animaux sauvages. Le 26 juin 1515 à Amboise, un sanglier mâle est lâché dans une arène et s’élance et détruit des mannequins de chiffon pendus à des cordes sous les yeux m-émerveillés, mi-terrifiés de l’assistance. Mais le sanglier furieux trouve le moyen de bondir dans les gradins et c’est François Ier lui-même qui lui enfonce une épée dans le flanc et le tue. On le compare alors à Hercule, vainqueur du sanglier d’Erymanthe (3ème des 12 travaux d’Hercule) ! On ne sait si cet incident a été calculé. Mais de manière générale, les fêtes à la Cour servent à rendre visible la gloire et l’éclat du pouvoir royal et sont essentiellement un instrument de propagande.

Alexandre Menjaud
François Ier tuant le sanglier, 1827
Huile sur toile – 220 x 192 cm
Toulouse, Palais Niel (dépôt du Louvre)

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